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Introduction

L'intelligence, derrière ce mot se cache une grande énigme. Elle est une de nos caractéristiques essentiel. Ne somme nous pas les êtres les plus intelligent de cette planète? Nous sommes le seul animal (connu) capable de créer, construire, bâtir des civilisation, composer de la musique, parler, écrire... Mais nous ne savons finalement pas définir précisément ce qu'est l'intelligence. Pour le vérifier il suffit de poser la question à un groupe de spécialistes pour voir s'instaurer un débat animé et passionnant mais qui n'apportera pas de réponse claire et précise.

Dès le début du XXème siècle, on a tenté d'évaluer scientifiquement l'intelligence. Le fameux Q.I. en est le résultat le plus tangible. Ce test ou plutôt cette famille de test repose sur l'hypothèse que l'intelligence est corrélée à certaine capacité cognitive de raisonnement et de mémorisation. Il existe plusieurs type de Q.I., Q.I. seul désigne en général le Q.I. standard[QI]. Bien sûr il ne permet pas une mesure directe de l'intelligence, surtout après un examen attentif de son mode de calcul, on constate que son objet n'est pas de fournir un indice absolu mais de classer les individus d'une population : le nombre calculé est une note normalisée de façon à suivre une loi normale de moyenne 100 et d'écart-type 15. La principale conséquence en est que le test a déjà du être re-étalloné plusieurs fois : J.R. Flynn a le premier constaté que la performance moyenne des populations des pays industrialisés a augmenté régulièrement[JRF] et semble maintenant se stabiliser. Ceci peut être attribué à l'augmentation du niveau moyen de scolarisation, puisque de nombreux Q.I. sont culturels : ils incluent des questions de culture générale. Même les tests prétendus non culturels sont difficilement réalisables par une personne non scolarisés, voir analphabète qui ne peut donc pas comprendre les questions énoncées.
Même si on avance une corrélation de 70% - et d'ailleurs avec quoi peut il être corrélé ? - une réussite au test ne reflète pas une réelle intelligence mais plutôt un conformisme à certains types de raisonnement : un fonctionnement "normal" de l'esprit de déduction. Ses défenseurs argumentent la fiabilité du test par la stabilité du Q.I. d'un individu durant sa vie d'adulte. Cela n'est possible qu'au prix d'une sophistication extrême du test par des sous tests multiple se recoupant pour tenter d'éliminer les effets d'une préparation ou d'un entraînement. Toutefois il semble très discriminant pour les bas scores, beaucoup plus que pour les scores élevés. S'il ne parvient pas à mesurer réellement ce pour quoi il a été conçu, il est un très bon outil de dépistage de pathologie du développement cérébral.

De la difficulté d'évaluer l'intellect... Récit d'un professeur de physique du début du XXème siècle :
J'ai reçu un coup de fil d'un collègue à propos d'un étudiant. Il estimait qu'il devait lui donner un zéro à une question de physique, alors que l'étudiant réclamait un 20. Le professeur et l'étudiant se mirent d'accord pour choisir un arbitre impartial et je fus choisi. Je lus la question de l'examen : " Montrez comment il est possible de déterminer la hauteur d'un building à l'aide d'un baromètre." L'étudiant avait répondu : " On prend le baromètre en haut du building, on lui attache une corde, on le fait glisser jusqu'au sol, ensuite on le remonte et on calcule la longueur de la corde. La longueur de la corde donne la hauteur du building. " L'étudiant avait raison vu qu'il avait répondu juste et complètement à la question. D'un autre coté, je ne pouvais pas lui mettre ses points : dans ce cas, il aurait reçu son grade de physique alors qu'il ne m'avait pas montré de connaissances en physique.
J'ai proposé de donner une autre chance à l'étudiant en lui donnant six minutes pour répondre à la question avec l'avertissement que pour la réponse il devait utiliser ses connaissances en physique. Après cinq minutes, il n'avait encore rien écrit. Je lui ai demandé s'il voulait abandonner mais il répondit qu'il avait beaucoup de réponses pour ce problème et qu'il cherchait la meilleure d'entre elles. Je me suis excusé de l'avoir interrompu et lui ai demandé de continuer.
Dans la minute qui suivit, il se hâta pour me répondre :
- On place le baromètre à la hauteur du toit. On le laisse tomber en calculant son temps de chute avec un chronomètre. Ensuite en utilisant la formule : x = gt2/2, on trouve la hauteur du building.
À ce moment, j'ai demandé à mon collègue s'il voulait abandonner. Il me répondit par l'affirmative et donna presque 20 à l'étudiant. En quittant son bureau, j'ai rappelé l'étudiant car il avait dit qu'il avait plusieurs solutions à ce problème.
- Hé bien, dit-il, il y a plusieurs façon de calculer la hauteur d'un building avec un baromètre. Par exemple, on le place dehors lorsqu'il y a du soleil. On calcule la hauteur du baromètre, la longueur de son ombre et la longueur de l'ombre du building. Ensuite, avec un simple calcul de proportion, on trouve la hauteur du building.
- Bien, lui répondis-je, et les autres ?
- Il y a une méthode assez basique que vous allez apprécier. On monte les étages avec un baromètre et en même temps on marque la longueur du baromètre sur le mur. En comptant le nombre de traits, on a la hauteur du building en longueur de baromètre. C'est une méthode très directe. Bien sûr, si vous voulez une méthode plus sophistiquée, vous pouvez attacher le baromètre à une corde, le faire balancer comme un pendule et déterminer la valeur de g au niveau de la rue et au niveau du toit. À partir de la différence de g, la hauteur de building peut être calculée. De la même façon, on l'attache à une grande corde et en étant sur le toit, on le laisse descendre jusqu'à peu près le niveau de la rue. On le fait balancer comme un pendule et on calcule la hauteur du building à partir de la période de précession.
Finalement, il conclut :
- Il y a encore d'autres façons de résoudre ce problème. Probablement la meilleure est d'aller au sous-sol, frapper à la porte du concierge et lui dire : " j'ai pour vous un superbe baromètre si vous me dites quelle est la hauteur du building. "
J'ai ensuite demandé à l'étudiant s'il connaissait la réponse que j'attendais. Il a admis que oui mais qu'il en avait marre du collège et des professeurs qui essayaient de lui apprendre comment il devait penser.
Pour l'anecdote, l'étudiant était Niels Bohr et l'arbitre Rutherford.

Les neuropsychologues n'ont donc pas vraiment réussi à mesurer l'intelligence. Qu'en est-il des zoo biologistes ? En effet, si on prétend mesurer efficacement l'intelligence il faut être capable de le faire pour toute créature. Beaucoup d'études ont bien sûr été réalisées, les plus connues ayant pour sujet les mammifères marins, les primates et plus particulièrement les grands singes. Il est malheureusement impossible de réaliser ces expériences sans éviter un minimum d'anthropomorphisme : on cherche à tester certaines capacité cognitives, procédurales, de mémorisation, d'orientation, d'association, de la même manière que pour les êtres humains. Les tests sont seulement adaptés pour être accessibles selon les capacités physiologiques de la créature testée : on ne peut pas demander à un dauphin de prendre un cube dans sa main ! Ces études nous ont appris que beaucoup d'animaux ont des capacités assez impressionnante et sont en quelques sorte beaucoup plus intelligent que nous ne l'imaginions jusque là. Leur intelligence pourrait aussi se manifester de manière très différente de la notre. Au regard de certaines réalisations humaines, être intelligent, ce serait peut être savoir ne pas l'être.

Nous n'avons donc aucun moyen d'avoir une idée très précise de l'intelligence d'une créature quelle qu'elle soit. Par conséquent si nous étions en présence d'une intelligence artificielle, comment pourrions nous le savoir ?

Alan Turing, en pionnier de l'intelligence artificielle s'est bien sur posé la question. Dans son article fondateur [AMT], il commence par ces termes : Les machines peuvent-elles penser ? Evidemment il est d'avis que oui même si cela est difficilement vérifiable et sa démonstration est très habile par la réfutation successive de toutes les objections que ses détracteurs pourraient donner. Pour contourner le problème de l'évaluation de l'intelligence d'une machine, il propose le célèbre test qui porte maintenant son nom. Peu importe de savoir si une machine est intelligente ou non, si elle se comporte de façon intelligente, c'est qu'elle l'est probablement. Son test n'est en fait qu'une variante du jeu de l'imitation qui met en scène la machine à tester. Celle ci sera considéré comme pensante si elle est capable de tromper ses interlocuteurs de façon à ce qu'ils soient incapables de déterminer si ils s'adressent à un être humain ou non. Si la simulation est suffisamment fidèle pour ne plus être discernable, ce n'est plus seulement une simulation. Ceci a été proposé il y a maintenant plus d'un demi siècle. Où en est on aujourd'hui ?
A la vue de certain "chatterbots", on pourrait croire que même si l'objectif n'est pas encore atteint, on approche d'une solutions[Alice]. Ces dernières années ont vu fleurir de nombreuses recherches visant à humaniser les dialogues entre les Hommes et les machines et rendre ces dernières plus chaleureuses. Si ces recherches nous permettent d'approfondir la connaissance que nous avons de nous même elle ne semble pas nous approcher de notre but. Toutes les grandes avancées de l'intelligence artificielle ont été porteuses d'espoir puis de déception. Les algorithmes découverts, d'autant plus performants qu'ils sont spécialisés, nous ont surtout appris que certaines capacités d'analyse de l'information (reconnaissance de formes, parole, écriture...) qui sont le propre de créatures dites intelligentes, peuvent être réalisées sans aucune intelligence, si ce n'est dans l'esprit des concepteurs de ces programmes. On peut cependant être étonné par les ressources de calcul phénoménales nécessaires pour accomplir des tâches qui ne demandent apparemment pas beaucoup d'effort à un être humain. La reconnaissance de la parole et de l'écriture en sont de parfaits exemples.

Texte manta n°2 (dicto) : Beaucoup de choses que nous faisons tout naturellement nous deviennent difficiles dès l'instant où nous cherchons à les intellectualiser. Il arrive qu'à force d'accumuler les connaissances sur un sujet donné, nous devenions ignares.
Frank Herbert - Dune.

Les réductionnistes ont une approche originale : l'intelligence en tant que telle n'est pas tangible, elle n'existerait pas, c'est une illusion, une propriété émergeante de système complexe. En effet, on observe parfois beaucoup d'intelligence là où il ne devrait pas y en avoir. On ne peut être qu'émerveillé par les société d'insectes, leur organisation, leur capacité à résoudre des problème complexe. Et pourtant, il n'y a rien de plus têtu (idiot ?) qu'une abeille qui tente de traverser une vitre. Comment des créatures aussi simples, qui ont un comportement d'automate peuvent avoir une aussi belle organisation ? Très rapidement il a été possible de créer des fourmis virtuelles[TBGD] pour essayer de comprendre et étendre les observations de la nature. Et là le même émerveillement se produit, par la multitude, des automates simples peuvent se comporter intelligemment[B-T]. Ceci conforte les réductionnistes dans leur approche qui paraît naïve ainsi transcrite : pour faire une intelligence artificielle, il faut fabriquer une multitude de neurones artificielles interconnectés, quand il y en aura suffisamment, l'intelligence apparaîtra d'elle même. Autrement dit, l'intelligence est une propriété émergeante d'un système complexe dont les règles qui le régissent nous le font apparaître comme tel.
Ainsi, certains pensent qu'un univers complexe comme l'est devenu internet de nos jours est un terrain propice à l'apparition d'une forme d'intelligence, voir même, d'une conscience artificielle. Cela serait peut être déjà en train de se produire à notre insu.[MLe][JMT][B&J]

A quoi l'intelligence peut-elle servir ? Le principal apport est une capacité d'adaptation hors norme. Si on prend le cas d'être vivants très simples, que se passe-t-il quand l'environnement évolue ? Dans le meilleur des cas : rien. Les effets du changement n'ont pas d'incidence sur ces êtres. Dans le pire des cas, l'extinction de l'espèce : l'environnement ne lui permet plus de survivre. Souvent l'espèce s'adapte, les individus sensibles au changement disparaissent puisque seuls ceux qui sont capable de lui résister vont survivre et donc se reproduire[JHH]. Dans le cas d'un changement très brutal, le risque d'extinction est plus grand. Si aucun individu ne présente de caractère de résistance, l'adaptation est impossible. Des êtres intelligents ont une chance supplémentaire de survivre : leur capacité d'analyse peut leur permettre d'inventer un comportement, une technologie qui permet à l'individu une évolution de son vivant pour s'adapter au changement.

Prenons le cas d'un automate : l'informatique permet d'en avoir maintenant de très perfectionnés qui accomplissent des taches très complexes et peuvent apparaître doué d'une certaine intelligence : mais ne nous y trompons pas, cela reste un automate, et par nature il est incapable d'affronter une situation inconnue. Il pourra tenter une action au hasard qui par chance pourra le ramener dans un cadre connu, mais si la situation inconnu persiste, aucune chance de sortie.

Quel peut être l'intérêt pratique d'une machine intelligente ? Comme dans le cas naturel, une machine intelligente peut progresser et donc s'améliorer ou affronter l'imprévu. En effet il y aura toujours des problèmes nouveaux. Notre connaissance de l'univers est limitée : il y aura toujours des phénomènes inconnus, des situations pour lesquelles nous ne savons pas comment agir. Dans ces conditions, il est impossible de doter une machine de tout le savoir dont elle a besoin sauf si son environnement est suffisamment limité pour être totalement, intégralement connu. En pratique, cela est extrêmement rare, ou cela limite d'autant les possibilité d'action de la machine : il faut lui fabriquer un univers sur mesure pour lui éviter toute surprise. C'est ce qui a été réussi dans le domaine des transport avec le mise au point de lignes de métro entièrement automatique. Par contre l'automobile sans pilote, opérationnelle, n'est pas encore là. Mais ne désespérons pas, nous y arriverons.

L'univers est trop complexes pour être totalement connu et nous serons toujours un peu aveugles. Nous pouvons être victimes d'illusions. Notre perception de l'univers n'est pas l'univers. Une machine, même dotée des capteurs les plus sensibles peut être victime d'illusions : elle observe une situation connue, mais quelque chose ne fonctionne pas, rien ne se passe comme prévu. Pour trouver la bonne solution, elle doit être capable d'invention et de remettre en cause ce qui est inscrit dans son programme. Un soupçon d'intelligence serait donc très utile pour fabriquer des machines réellement robustes et autonomes.

Exploration et autonomie :
L'exploration martienne a un grand besoin de robots explorateurs. Puisque l'exploration humaine pose encore de grosses difficultés techniques et financières, il faut, pour qu'elle soit possible un jour, la préparer avec ce que nous pouvons envoyer sur place à moindre frais : des machines. De telles missions ne peuvent être accomplies que par des appareils totalement autonomes. En effet, la distance qui nous éloigne de Mars et la vitesse limitée des ondes électromagnétiques font que toute télécommande depuis la terre n'est pas réalisable : le délai aller et retour d'un signal radio est beaucoup trop long pour cela.
Une exploration, par définition, est une recherche d'information. Son but est de mieux connaître un lieu, sa physique, et ses caractéristiques. Donc, bien sûr, cette recherche est motivé par le manque de connaissances. Comment dans ce cas, confier ce travail à un automate entièrement préprogrammé ? Puisqu'on ne dispose pas d'une description complète de l'environnement à explorer, comment pourrait on programmer un tel engin, aussi sophistiqué soit-il ?
Une solution est d'envoyer une machine capable d'acquérir sur place l'information pour décider seule comment remplir au mieux sa mission.

Dans la mesure où la connaissance totale de l'environnement est utopique, il y aura toujours des situations inconnues. Pire il peut y avoir des situations trompeuses : qui ne s'est jamais bêtement cogné dans une porte vitrée.

Recherchez vous même !

mis à jour le : 15/04/2006 - 21:58